Do not trust me // Lysandre Barrett

Résumons mon enfance d'un seul mot : normale. J'avais deux parents présents, qui souhaitaient le mieux pour moi. J'allais dans des écoles bien normales, avec une réputation tout à fait raisonnable. J'adorais jouer dehors avec les autres jeunes de mon quartier, puis les inviter à la maison pour jouer encore plus longtemps. Bref, un enfant plein de vie et heureux, c'était ce que j'étais. Seulement, l'ambiance de la maison tomba quand mes parents se mirent sur le dos de l'autre. Je n'ai pas compris l'histoire entièrement, j'étais beaucoup trop jeune. Cependant, cela a fait en sorte que ma mère parte et que mon père me garda avec lui. Je ne revis plus jamais ma mère biologique après ce moment.


Mon père ne prit aucun temps avant de se remettre avec quelqu'un d'autre. Une seconde personne que je devais appeler "mère" alors que je ne voyais même plus celle que je considérais comme ma mère. Je ne fus pas capable de l'accepter en tant que mère.  Je sentais que tout ce qu'il y avait à la maison était présentement faux ; si ma réelle mère était partie sans jamais vouloir me revoir, qu’en était-il d’eux ? Même lorsque je vieillissais... je l'appelais mère, mais j'avais toujours du mal à la considérer comme telle. Je m'étais distancé de mes deux parents.


Ce fut à l'adolescence que j'en profitais pour sortir plus de cet environnement que je n'aimais pas. Seulement, j'oubliais l'ambiance. De ce même fait, ce ne fut pas bien long avant que je prenne un emploi et que je sois capable de me ramasser assez d'argent pour aller vivre seul. À mes 17 ans, je me retrouvai à vivre seul. Je travaillais assez pour me permettre de payer mes choses et mon appartement. Tout en continuant mes études, pour aller en comptabilité. Le tout se passa très bien ; doué en cours et je continuais bien mon petit travail. Je me sentais tellement mieux maintenant ; je ne devais plus me fier à qui que ce soit et tout ce que je faisais et mes réussites venaient de moi. Je commençais à aimer ce sentiment.


Vers la fin de mes études, entre amis, nous avions décidé de nous rendre au casino de la ville... et l'amour pour cela venait de naître en moi. À ma première journée, je fus en mesure d'avoir une belle victoire. À la base, je n'y jouais pas pour l'argent mais pour le stress, l'inquiétude... cela me donnait de l'adrénaline et j'ai commencé à adorer cela. J'y retournai plusieurs fois, j'étais maintenant un habitué. Cette addiction continua même après ma graduation. Cela s'était même empiré une fois que je devins comptable. J'avais un métier payant, qui me permettait de dépenser encore plus.... Je ne gagnais pas réellement, et je voyais mon argent diminuer. Il fallait que je trouve un moyen de gagner de l’argent, qui me permettrait de continuer. Je ressentais un manque lorsque je n’avais pas ce sentiment et que je ne ressentais pas cette poussée d’adrénaline.

Mon entourage me disait que je devais arrêter, mais je ne les écoutais pas. Je gérais non ? Je suis maître de mes décisions… et je m’occupais de ce que je souhaitais. Je mélangeais finalement ce que je connaissais de mon emploi, pour détourner le système. En étant comptable, on apprenait beaucoup au sujet de l’argent et du système. Tout ce qu’il fallait pour déjouter le système. Sans rentrer dans les détails, je volais les clients que j’avais. De la belle fraude. Je n’en étais pas fier, mais cela avait fonctionné et je me faisais plus d’argent qu’avant. En fraudant comme cela, non seulement je me faisais plus d’argent, mais je retrouvais le sentiment décuplé qui m’avait accroché au casino. D’un sens, cela me décrocha des jeux car je ressentais la même chose. Étais-je devenue une personne plus responsable ? Pas du tout.

Je fis cela pendant plusieurs années. Je continuais avec les jeux d’argent, mais cela avait diminué maintenant. Mes activités illégales continuaient aussi, profitant de ma présence en tant que comptable pour le faire. Seulement, alors que je pensais que tout allait bien, on remonta jusqu’à moi. J’eus la visite de la police, avec un mandat pour prendre possession de tout ce qui était électronique. Évidemment, ils trouvèrent ce qu’ils voulaient. Ils avaient été capable d’associer mon nom à ces différentes fraudes qui avaient été reportées au fil des années. Ce n’était rien de si gros, mais assez… pour être considéré comme grave.

Moi qui se croyais si fort, si puissant... plus fort que le système, je tombai de bien haut. Je n’essayais pas de me défendre plus que cela en court : je savais tout à fait que j’étais en tort et qu’ils avaient toutes les preuves nécessaires pour me faire tomber. Je m’attendais à la prison mais lorsque le jugement tomba, je ne voulais simplement pas le croire. Esclave pendant 14 ans. Tout juste en bas de la peine maximale. Mes fraudes ne s’étaient pas rendues bien loin, ce qui expliqua ce jugement. Autant le mois précédent, tout allait pour le mieux… autant ce mois-ci, j’étais tombé si bas. Mes possessions avaient été prises et je me retrouvai dans l’une de ses boutiques que je détestais tant.